RE2020 – vers la décarbonation du Batiment

La RE2020 intensifie les exigences en matière de réductions des consommations énergétiques précédemment instituées par la RT2012. Mais elle ajoute aussi des objectifs ambitieux de limitation des émissions de gaz à effet de serre.

La France passe donc d’une réglementation thermique à une réglementation environnementale.

Cela implique de :

  1. Réduire l’impact carbone de la construction des bâtiments
  2. Poursuivre l’amélioration de leur performance  énergétique : sobriété énergétique et décarbonation de l’énergie
  3. Garantir le confort thermique dans un contexte de changement climatique (fortes chaleurs)

 

La RE2020 vise clairement à la décarbonation du secteur du Bâtiment, en s’attaquant d’abord à la phase de construction. Celle-ci, pour un bâtiment neuf et performant, peut représenter entre 60 et 90% de son impact carbone total.

décarbonation du batiment

Il faut savoir qu’en France, le secteur du bâtiment représente 44 % des consommations d’énergie et environ 25 % des émissions de CO2.

L’ensemble des nouvelles exigences fixées par la RE2020 va notamment engendrer la disparition progressive du chauffage exclusivement au gaz… Mais aussi la montée
en puissance des systèmes constructifs bas-carbone visant la décarbonation des matériaux et un recours plus courant au bois et aux matériaux biosourcés ou géosourcés.

 

Qu’est ce que la réglementation environnementale RE2020 ?

 

C’est la loi ELAN (Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) qui préfigure d’une nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs à partir de 2020, la RE2020.

Son objectif : poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et du confort des constructions, tout en diminuant leur impact carbone.

Elle s’articule autour de 3 objectifs principaux : 

  • Poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et la baisse des consommations des bâtiments neufs. La RE2020 insiste particulièrement sur la performance de l’isolation et ce quel que soit le mode de chauffage installé. La RE2020 privilégie l’énergie la plus décarbonée possible et donc le recours aux énergies renouvelables.

 

  • Diminuer l’impact sur le climat des bâtiments neufs. Pour cela, on considère les émissions du bâtiment tout au long de son cycle de vie, de la construction à la fin de vie (matériaux de construction, équipements), en tenant compte de la phase d’usage (chauffage, eau chaude sanitaire, climatisation, éclairage…). L’empreinte carbone d’un bâtiment étant essentiellement liée à sa construction et sa démolition (jusqu’à 90% de l’impact carbone), il est essentiel de privilégier les matériaux biosourcés, géosourcés ou visant à décarboner la filière. L’implication de VEKA dans le recyclage et l‘économie circulaire lui permet de s’inscrire pleinement dans la RE2020.

 

  • Tenir compte des évolutions climatiques pour permettre aux occupants de vivre dans un lieu adapté aux conditions climatiques futures. Les bâtiments devront donc résister aux épisodes de canicule, en offrant un confort d’été suffisant.

 

La RE2020 va donc engager une transformation ambitieuse des types de bâtiments et modes de construction. Elle va aussi modifier les filières industrielles ainsi que les solutions énergétiques pour maîtriser les coûts de construction.

impact carbone

Une concertation de grande ampleur

En 2019, une grande phase de concertation des acteurs de la construction a été lancée. C’est ce travail collaboratif qui a permis de dégager les points de consensus et les éventuelles dissensions pour élaborer la RE2020.

C’est notamment au travers du label E+C- (pour des bâtiments sobres en énergie et en carbone) que les acteurs du secteur ont pu échanger, expérimenter et se concerter, afin d’agir collectivement pour réduire les émissions du Bâtiment. Cette expérimentation a permis de tester à grande échelle (environ 1000 bâtiments du parc privé) des bâtiments performants à la fois en matière de bilan énergétique et d’émissions de gaz à effet de serre.

Ils ont ainsi travaillé sur un indicateur carbone du cycle de vie, permettant de qualifier les impacts de chaque matériau.

La RE2020 est entrée en vigueur le 1er janvier 2022, mais elle sera déployée dans le temps, en 3 phases, en 2025, 2028 et 2031.

Il est également question de mettre en place par la suite un label d’Etat qui permettra aux maîtres d’ouvrages d’aller plus loin dans l’exigence environnementale pour préfigurer les bâtiments d’après-demain.

 

Quels bâtiments sont concernés par la RE2020 ?

La RE2020 s’applique en plusieurs étapes :

  • Dans un premier temps, elle concerne : les maisons individuelles et les logements collectifs, à compter du 1er janvier 2022.
  • Ensuite, dans un second temps, elle concerne : les bureaux et les bâtiments d’enseignement primaire et secondaire, à compter du 1er juillet 2022.
  • Enfin, dans un troisième temps, elle concerne les bâtiments tertiaires spécifiques : hôtels, commerces, gymnases, …

objectif neutralité carbone

OBJECTIF 1 : Des bâtiments qui consomment moins

 

Le RE2020 renforce fortement les exigences de sobriété énergétique, comme celles portant sur les emissions de gaz à effet de serre des énergies utilisées pour le chauffage. Ainsi, la RE2020 signe la fin progressive des logements neufs chauffés uniquement au gaz.

Pour cela, la loi a déterminé un besoin climatique, le Bbio, qui traduit le besoin en énergie d’un bâtiment pour rester à une température confortable – en chaud comme en froid. Ce Bbio dépend fortement de la qualité de l’isolation et de la conception globale du bâtiment (notamment son orientation).

Le seuil maximal du Bbio sera abaissé de 30% par rapport à la dernière règlementation, la RT2012.

L’objectif est de faire sortir de terre des bâtiments mieux conçus, mieux isolés… pour des factures plus basses !

En parallèle, la loi fixe un seuil maximal d’émissions de gaz à effet de serre des consommations d’énergie. Ce seuil exclut de fait les systèmes de chauffage fonctionnant exclusivement au gaz. Pour les maisons individuelles, le seuil de 4 kgCO2/m²/an permettra de diviser par 10 en moyenne les consommations des ménages.

Pour les logements collectifs, la transition sera plus progressive (entre 2022 et 2025) car actuellement 75% des logements récemment construits sont chauffés au gaz. Il faudra d’abord permettre le développement à grande échelle de solutions alternatives.

Le seuil fixé au départ (14 kgCO2/m²/an) permet de conserver un chauffage au gaz, à condition que le logement soient énergétiquement performant. Mais dès 2025, la loi prévoit de le baisser à 6.5 kgCO2/m²/an, et cela impliquera de trouver d’autres alternatives innovantes.

Ces alternatives seront à chercher du côté de la chaleur renouvelable, car le gouvernement empêchera un retour vers le radiateur électrique, gros consommateur d’énergie et qui pèse sur le réseau électrique au plus fort de l’hiver.

Entre 2022 et 2028, l’abaissement du seuil de 14 à 8 puis à 6.5 kgCO2/m²/an incitera fortement à la décarbonation.

 

OBJECTIF 2 : Des constructions bas-carbone : vers la diversité des modes constructifs et la mixité des matériaux

 

La phase de construction est la plus émettrice de gaz à effet de serre sur toute la durée de vie du bâtiment. L’objectif est de diminuer les émissions du secteur d’au moins 30% d’ici 2031.

La réglementation introduit des seuils maximaux qui additionnent les impacts carbone de tous les matériaux et équipements du bâtiment. Ces données sont fournies par les fabricants eux-mêmes. La phase de chantier est également incluse dans le calcul  afin d’encourager les pratiques vertueuses.

Cependant, la loi prévoit de tenir compte de cet impact carbone sur toute la durée de vie du bâtiment : c’est ce qu’on appelle le calcul de l’analyse du cycle de vie. Cet indicateur est mesuré en kgCO2/m².

Cette méthode de calcul favorise les matériaux qui émettent peu de carbone ou qui stockent du carbone dans les bâtiments (le bois par exemple, ou les matériaux biosourcés). Cela valorise également les industriels engagés vers la décarbonation ou ceux qui présentent un fort taux de réemploi ou de recyclage, comme VEKA.

Pour créer une filière à la hauteur de ses ambitions, le Gouvernement prévoit de développer une production industrielle nationale de bois pour éviter d’accroitre les importations et pour massifier l’usage du bois (et autres matériaux biosourcés) y compris en gros-oeuvre, dans l’individuel ou le petit collectif.

logement collectif bois

Cette nouvelle façon de procéder va transformer en profondeur les modes constructifs. Des techniques plutôt minoritaires seront la norme de demain. Ce changement sera progressif pour monter en puissance tout en maitrisant les couts.

Ainsi, l’Etat prévoit un déploiement différencié selon le type de bâtiments : individuel ou collectif.

Entre 2022 et 2025, les industriels devront se familiariser avec le concept d’analyse du cycle de vie. Ils devront optimiser les caractéristiques environnementales de leurs produits, tout en en améliorant la traçabilité et la performance, pour les caractériser.

Cela incitera fortement à choisir des matériaux ayant la plus faible empreinte carbone.

La diminution progressive des seuils de l’exigence carbone (de 640 à 415 kgCO2/m²/an pour les maisons et 740 à 490 kgCO2/m²/an pour les logements collectifs) représente l’équivalent de 5 millions de véhicules circulant pendant 1 an. Ces exigences seront modulées selon la zone climatiques ou les contraintes géotechniques.

 

OBJECTIF 3 : Des bâtiments plus agréables en cas de canicule

Le réchauffement climatique va intensifier le nombre d’épisodes de canicule. Pour préparer des bâtiments adaptés, le RE2020 prévoit de tenir compte du confort d’été.

L’indicateur s’exprime en degré.heure (DH)3 et ne devra pas dépasser 1250 DH. Cela correspond à 25 jours avec un logement à 30° le jour et 28° la nuit. Le seuil maximal est le même pour toute la France.

La loi prévoit également un seuil bas de 350 DH à partir duquel des pénalités s’appliqueront, pour inciter à concevoir des bâtiments agréables à vivre en cas de fortes chaleurs.

La climatisation passive sera ainsi privilégiée : orientation et forme du bâtiment, puits climatiques, brasseurs d’air, protections solaires… La loi sera aussi attentive à la qualité de l’air intérieur et de la ventilation, défaut récurrent observé pour les bâtiments neufs actuels.

confort d'été

 

à consulter également :

https://www.actu-environnement.com/ae/news/logements-neufs-prochains-seuils-RE2020-etude-labelRE2020-39443.php4